Chaussettes d'enfants demandeurs d'asile dans un cadre d'entomologie du Musée d'Afrique Centrale(ancien musée des Colonies). projet réalisé dans le cadre du cycle d'expositions "tout n'est peut être pas réglé"
Au moment de la proposition de participer au cycle d'expositions "tout n'est peut être pas réglé", qui questionnait la norme, les règles et ses infractions, les interdits, nous étions confrontés en Belgique à une vague d’immigration sans précédent. Les clichés et préjugés allaient bon train contre ces réfugiés qui fuyaient l’insoutenable. Les forums des différents médias et les réseaux sociaux propageaient une série de messages haineux, les accusant,évidemment, de tous les maux.
A mon sens, ces « illégaux » enfreignent les lois mais cette « illégalité » est nécessaire à leur survie,c’est cette piste que j’ai explorée. J’ai contacté le centre Fedasil de Morlanwelz et ai donc travaillé avec des demandeurs d’asile par le biais de monsieur Olivier Ledoux, animateur au sein de ce centre,que je remercie au passage.
Sous différents cadres d’entomologie, de simples chaussettes d’enfants, placées par paire pour
évoquer la forme d’un papillon, sont répertoriées, classifiées. Les noms de leurs propriétaires
apparaissent sous chaque paire tels les noms de papillons soigneusement inscrits par l'entomologue. Ces chaussettes renvoient à la marche, au chemin qui a dû être parcouru par ces
enfants pour fuir des guerres, des tyrans, des radicaux religieux, l’insoutenable… espérant trouver
une vie meilleure dans notre vieille Europe.
Le papillon, de par son envol, renvoie d’une part à la liberté et, d’autre part, au changement, à l’être qui se transforme. Pensons à la chenille qui devient papillon. De la même manière, ces enfants changent de contexte, d’environnement et vont grandir dans des lendemains que l’on espère chantants.
Les cadres où sont placées ces chaussettes, proviennent du Musée Royal d’Afrique Centrale, ancien
Musée des Colonies. Ils renvoient à l’époque colonialiste où les puissances occidentales se
partageaient l’Afrique, le Moyen Orient, traçant des traits à la règle sur des cartes en plongeant des
régions dans des situations invraisemblables. Certaines payent encore les frais de cette intervention occidentale. Il en résulte, notamment, l’immigration syrienne mais bien d’autres encore.
Enfin, l’étiquetage et la vitrine derrière laquelle nous observons ces objets renvoie à la distance avec laquelle nous observons le monde et ses actualités, ces écrans derrière lesquels les guerres, la misère, les catastrophes semblent plus lointaines, semblent moins nous concerner.
Il est plus agréable de voir un papillon voler que de le voir à travers une vitrine.